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Paris , E. Dentu éditeur , 1879 Un volume in 12°, reliure dépoque demi basane rouge. 327 pages. Petit manque à la coiffe supérieure (voir le scan), sinon bon exemplaire. édition originale rare. Louise Colet séjourne quatre mois en Egypte doctobre 1869 àjanvier 1870. Comme elle lexplique dans la préface de son ouvrage,elle est invitée grâce à son ami Louis Alloury à sy rendre pourassister aux fêtes dinauguration du canal de Suez. Elle fait officede correspondante pour le journal Le Siècle, auquel ellenenverra en fait que deux missives sous le pseudonyme masculin arabeMohammed El Akmar. Elle va en profiter pour parcourir pendant 6 moislEgypte, lItalie du Sud, la Grèce et la Turquie. Cest le 7octobre 1869 quelle quitte Paris pour gagner Marseille par le train.Là, elle embarque au port de la Joliette, le 9 octobre, à bord dupaquebot à vapeur des Messageries Impériales, le " Moeris ",à destination de lEgypte ; à bord, de nombreux voyageurs célèbres,« des artistes, des littérateurs, des savants et quelques hommes dumonde » comme elle lécrit dans son récit, font eux aussi ledéplacement pour linauguration du canal. Son récit de latraversée, émaillé danecdotes croustillantes, nous laisse aussientrevoir ce quétait à lépoque un voyage par mer versAlexandrie.
Ils arrivent à Alexandrie le vendredi 15 octobre1869 et sont accueillis par Ferdinand de Lesseps en personne. Louiseest immédiatement sous le charme de lEgypte, quelle voit dabord àtravers ses références à lAntiquité classique. Le paysage,demblée, la fascine et elle reviendra dailleurs souvent au coursde son récit sur la lumière et les couchers de soleil. Elle estlogée, après quelques péripéties, à lHôtel de lEurope, sur laplace des Consuls, selon elle « la plus belle dAlexandrie ». UnItalien, Tonino Salomone Bey, officier de cérémonie du Khédive,est chargé daccueillir les voyageurs, tous considérés comme lesinvités du Khédive,et dorganiser leur escorte vers Le Caireet la Haute-Egypte. Elle décide de ne partir pour Le Caire que le 17octobre, afin davoir le temps de visiter un peu Alexandrie. Le 17octobre, elle prend enfin le train pour Le Caire. Logée au premierétage de lHôtel-Royal, place de lEsbekieh, elle observe lacapitale égyptienne et livre ses premières impressions. Lesofficiers du Khédive mettent à sa disposition une voiture, des saïset un drogman, de 6h00 du matin à minuit, ce qui lui permet de sepromener dans la capitale égyptienne. Déçue par la réception àla française du Khédive, elle se prend à rêver dune soiréeorientale. Le Khédive offre à ses invités, répartis sur uneflottille de quatre vapeurs et trois dahabieh, une croisière sur leNil vers la Haute-Egypte, pour laquelle on remet à chacun unitinéraire avec le programme du voyage. On va de déception endéception : en raison de limportance de la crue, de nombreusesvisites seront annulées. Le voyage à bord du vapeur " Le Gyzeh" est éprouvant, donnant lieu à des récits assez cocasses quipermettent dimaginer ce quest à lépoque une croisière sur leNil. En Haute-Egypte, Louise a du mal à supporter le climat et sasanté saffaiblit ; mais elle ne renonce pas,contrairementàcertains de ses compagnons masculins qui préfèrentrebrousser chemin vers Le Caire. Cest à Assyout que Louise voitpour la première fois des almées, celles dont elle avait étési jalouse quand Flaubert avait voyagé en Egypte en 18496, et àQeneh quelle entre pour la première fois, privilège devoyageuse,dans un harem, certes modeste, chez le consul arabe.Le récit se termine de façon un peu abrupte à Assouan, où elleévoque la ville et lîle Eléphantine. Manquent le voyage de retourvers Le Caire, le second séjour dans la capitaleet les fêtesde linauguration du Canal, qui auront lieu le 17 novembre 1869. Onsait que durant son second séjour au Caire, elle sympathisera avecdeux princesses de la famille du Khédive, qui lui permettrontdentrer dans le secret des harems de la haute sociétéégyptienne.
Elle rédige son récit de voyageen octobre1873, à partir des notes prises sur place et de ses souvenirs.Louise Colet a un regard original sur lEgypte. Parce quelle est unefemme sans doute, et une femme qui na ni froid aux yeux, ni sa plumedans sa poche, si on peut dire. Et aussi sans doute en raison de sesvigoureuses opinions. Certes, elle nest pas toujours exempte depréjugésou de visions déformées par lorientalisme, maisnéanmoins son témoignage est dautant plus intéressant quelleadopte un point de vue qui nest pas celui quon rencontre chez laplupart des voyageurs de son temps. Comme cela apparaît dans sonouvrage, elle a lu les récits dautres voyageurs avant de se rendreen Egypte, puisquelle cite Volney, Norden, Pococke, Niebuhr, Savary,Châteaubriand. Dès le début de son voyage, elle se montre trèssensible aux conditions de vie de la population et aux fellah,nhésitant pas à dénoncer ce qui la choque; évidemment,elle sintéresseaussi au sort des femmes, avec lesquelles ellenest cependant pas toujours tendre. Elle apprécielarchitecture arabe, quelle préfère aux bâtiments à lafrançaise du Caire moderne. Si elle évoque les monuments les plusmarquants, elle ne se hasarde pas dans de grandes descriptions,précisant quelle nen a pas la prétention puisquelle nest pasune spécialiste ; elle semble dailleurs peu goûter les ruinesantiques et ne descendra pas à terre pour visiter les templesdEdfou et Kom Ombo. Par contre, elle aime flâner seule, encompagnie de son drogman, dans les ruelles et les souq des endroitsoù les navires font étape ; occasion pour elle de voir une autreEgypte. (Merci au site Horizons dAton, Clic, Clic)
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