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Claude Fourcade a reçu, en novembre 1968, le prix Francis Jammes pour lensemble dune œuvre commencée il y a plus de quarante ans, et qui, nous lespérons, est loin dêtre terminée. Dès son premier recueil, Les Fugitives, paru en 1929 et dédié à Marcel Ormoy qui fut un grand élégiaque, elle nous laissa voir, dans la suite du Nerval de Sylvie et des Cydalises, ses dons captivants de muse rêveuse et mélancolique ; et ses courts poèmes pleins de sources cristallines, de colombes roucoulant dans lépaisseur des feuillages, de biches cachées dans les sous-bois, de lis odorants et de souples roseaux bercés par la brise retinrent aussitôt lattention des connaisseurs.

Un second volume, de Flamme et dOmbre, fut édité au Divan sept ans plus tard. Lamour y est chanté avec une discrétion peu commune qui nexclut dailleurs pas le caractère assez intense de plusieurs pièces où, plutôt que les sursauts dun feu sauvage et passionné, sont exprimés un abandon et une confiance venue, semble-t-il, du fond de lâme. Après un silence de plusieurs années, Claude Fourcade a donné libre cours à son fervent lyrisme dans plusieurs autres ouvrages qui nous ont permis de goûter mieux que jamais ses qualités dalchimiste du langage qui se plaît à vivre au milieu dun songe où la grâce et la tristesse saccordent excellemment. La parution en 1962 de Guirlande pour la tour dun château a révélé un désir de renouvellement de ses sujets dinspiration qui transparait également dans Au delà du sommeil et Les sombres vallées.


GUIRLANDE POUR LA TOUR DUN CHÂTEAU

Recueil de poésies

PAR CLAUDE FOURCADE

Éditions LErmitage - 1964 - In-12 broché (14,2 x 19,2 cm) - 35 pages.

* Tirage à petit nombre pour les amis de lauteur.

Exemplaire sur Vergé n° 10 paraphé

** Envoi autographe signé à François Cruciani, écrivain et critique


PASSE-TEMPS POUR LA DAME EN BLEU

Tu rêves, triste, en ce château
Qui semble dater des Croisades.
Ton époux revient-il bientôt ?

Absence oblige à chasteté
Et noblesse est rude apanage.
Ainsi passait plus dun été
Pour les dames du Moyen-âge.

Pourtant, tu tiens à ta merci
Le brun forestier du domaine
Dont tu restes le cher souci
Et la plus amoureuse peine.

Brode la toile au petit point,
Prends la harpe de tante Elvire
Et souris quelquefois, de loin,
À ce beau rustre qui soupire.


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